Le cortisol, le lien inflammation, histamine et hormones

2 Mar 2025

Le cortisol est une hormone stéroïde, c’est à dire une substance chimique sécrétée par une glande endocrine. On parle ici des glandes surrénales qui coiffent les deux reins.
Glande endocrine car la substance chimique, l’hormone, est libérée dans le sang pour transmettre des messages aux organes.

Pour mieux comprendre, la glande surrénale est divisée en deux parties :
la cortico-surrénale externe qui sécrète CORTISOL, aldostérone, DHEA
la médullo-surrénale interne qui fournit les catécholamines, à savoir la noradrénaline, l’adrénaline et la dopamine.

Le cortisol est à tort appelé hormone du STRESS.
Il est plus juste de dire que c’est l’ Hormone de l’ADAPTATION au stress.

C’est une hormone vitale : pas de cortisol du tout, pas de vie.

Le but n’est pas de l’abaisser à tout prix car le manque est aussi problématique que l’excès .
Il faut une bonne quantité et au bon moment de la journée.

Ce cortisol permet donc l’ADAPTATION physique ou émotionnelle.

Les autres fonctions du cortisol sont les suivantes :
Le cortisol permet :

le réveil : le pic physiologique chez un individu sain a lieu entre 6h et 8h matin,
Le catabolisme, c’est une hormone catabolique ( dégradation molécules ) pour la libération d’ENERGIE par opposition à l’hormone anabolique qu’est la DHEA ( Déhydroépiandrostérone ).
La vigilance , on l’appelle aussi l’hormone de l’éveil,
l’effet Anti-Inflammatoire par modulation de l’inflammation,
La régulation de la pression artérielle,
La gestion des situations de STRESS , le stress étant nécessaire à la vie ( le stress permet d’avancer ),
La régulation du cycle veille/ sommeil, en rapport avec la mélatonine.

Quelle place occupe le cortisol dans la Symphonie Hormonale ?

Chaque individu possède son propre équilibre hormonal optimal.
On ne peut s’intéresser à une hormone sans faire des liens et prendre en compte l’ensemble.

On parle souvent de l’axe HHS à juste titre ( hypothalamo-hypophyso-surrénalien ), aussi appelé axe HPA.
HYPOTHALAMUS et HYPOHYSE sont deux glandes du SNC, l’hypothalamus étant la première commande.
Par ses neuro-hormones sécrétées ( CRH, TSH, ), elle donnes ses ordres à l’hypophyse qui elle va être la deuxième commande et va donner ses ordres aux glandes endocrines.
Ex : l’hypothalamus via la CRH ordonne à l’hypophyse de sécréter l’ACTH qui va donner aux surrénales le message de sécréter du cortisol.

Tout ceci est en lien direct avec le chef d’orchestre de la symphonie hormonale, la THYROIDE.
La thyroïde régule la thermogénèse, la fréquence cardiaque, l’équilibre de température , la croissance et la réparation cellulaire, la digestion et la fertilité ).

Il est important de comprendre qu’il existe des liens et une recherche d’homéostasie entre les surrénales, la thyroïde et les gonades sexuelles que sont les ovaires et les testicules.

L’ axe HHS régule à la hausse ou à la baisse les taux hormonaux via ses propres hormones et par des rétrocontrôles.

Pourquoi tout est lié ?

La molécule de départ est notre CHOLESTEROL.
Et oui ! Il ne faut pas lui faire la chasse, c’est notre matière première !

Il est ensuite métabolisé en pregnénolone, que l’on appelle l’hormone mère.

Deux voies sont possibles :
La voie de la DHEA de la testostérone et de l’estradiol, et la voie de la PROGESTERONE qui va donner soit de la testostérone, soit du cortisol et de l’aldostérone pour l’équilibre hydro-électrolytique.
Il peut donc y avoir selon les niveaux hormonaux, un « vol de pregnenolone »,au détriment des hormones sexuelles, vers le cortisol !

En situation de stress, avoir suffisamment de cortisol est prioritaire par rapport à la procréation. Le corps choisit donc d’aller vers la voie la plus vitale.

Quel est le lien entre cortisol, inflammation et histamine ?

Le cortisol est notre hormone anti-inflammatoire.
Cette inflammation est nécessaire à la réparation tissulaire.
Elle doit cependant être modulée.
Le cortisol doit être à l’équilibre, ni en carence, ni en excès.

Les situations dans lesquelles on peut se retrouver face à un excès de cortisol sont un rythme de vie effréné ( vie moderne ), un manque de repos, un abus d’excitants, un sommeil non réparateur ma is aussi une restriction calorique.

Le cortisol est une hormone hyperglycémiante pouvant être à l’origine d’une résistance à l’insuline et donc d’un terrain inflammatoire.
Les troubles de la glycémie entraînent des hypoglycémies rebonds.
Toute hypoglycémie est un facteur de stress pour le corps.
Ce stress entraine une libération de cortisol en boucle et une dégranulation mastocytaire donc une libération de médiateurs chimiques et en particulier, l’histamine.

Le cortisol maintient en éveil.
Il s’oppose à la DHEA anabolisante. Le catabolisme est donc augmenté.
Si le catabolisme est augmenté, il y a inflammation, donc libération de médiateurs, libération d’histamine.
C’est ainsi qu’un cortisol trop haut en fin de journée ou le soir va potentialiser la libération d’histamine et potentialiser la situation d’éveil.
Souvenons nous que l’histamine est le neurotransmetteur de l’éveil cérébral.

Lorsque la sécrétion de cortisol est dérégulée ( hygiène de vie, non respect du rythme circadien , travail de nuit, couche-tard et lève-tard ), il y a libération au mauvais moment et perturbation des neurotransmetteurs.
Cette perturbation des neurotransmetteurs, comme par exemple le déséquilibre de la balance GABA ( apaisant ) vers le Glutamate ( excitateur ) va provoquer de la neuro-inflammation.

Lorsqu’il y a un manque de cortisol, cela peut être par excès chronique de sécrétion de cortisol provoquant une fatigue des surrénales, à terme un burn-out.
Cela peut venir aussi d’une utilisation de corticoides exogènes médicamenteux, entrainant à terme une dépendance.

La diminution du cortisol circulant entraîne un rétrocontrôle positif sur l’axe hypothalamo-hypophysaire, cela dans le but d’augmenter la production de cortisol de novo.
C’est un vrai cercle vicieux.

Que se passe-t-il quand le cortisol est bas ?

On retrouve une augmentation de la sensibilité viscérale, des intolérances diverses.
Ceci montre qu’une inflammation au niveau de la paroi intestinale se met en place.
C’est le Leaky Gut qui s’accompagne d’un passage de l’histamine de la lumière intestinale au travers de la paroi.
L’histamine circulante rejoint les organes via la circulation sanguine et va stimuler les quatre types de récepteurs tissulaires à l’histamine : Rh1, Rh2, Rh3 et Rh4.
C’est un cercle vicieux.

Un taux de cortisol bas va par rétrocontrôle positif activer l’axe HHS mais stimuler également au niveau hypothalamique la sécrétion de somatostatine GHIH qui à son tour, entraîne une inhibition de la GH et de la TSH au niveau hypophysaire.
Cette inhibition de la GH et de la TSH entraine un hypothyroïdie centrale.
Cette hypothyroïdie centrale et cette inhibition de la GH ont un impact digestif important.
On retrouve une inhibition de la sécrétion acide au niveau de l’estomac, une inhibition de la vidange gastrique, de la contraction de la vésicule biliaire et de la motilité intestinale par suppression de larguage des hormones gastro-intestinales ( gastrine, choécystokinine CCK, sécrétine, et motiline )
C’est le lit des dysbioses du colon, des SIBO, IFO, IMO.

Un cortisol bas est à l’origine de fuite de Na+ entraînant des troubles hydro-électrolytiques importants, une hypotension, une vasodilatation.

Quel est le rapport entre l’histamine et les troubles hormonaux chez la femme ?

L’ impact de l’histamine sur certaines périodes du cycle en particulier est bien repéré.
Nous constatons que les symptômes en lien avec l’histamine sont aggravés en période péri-ovulatoire, ovulatoire et en fin de phase lutéale.
Ces symptômes sont directement liés au déséquilibre oestro-progestéronique.

En effet, les oestrogènes stimulent les mastocytes et inhibent la DAO ( Diamine Oxydase ).
Cela entraîne une libération accrue d’histamine par dégranulation des mastocytes et une difficulté supplémentaire à dégrader l’histamine en excès par inhibition de l’enzyme DAO.
A son tour, l’histamine en excès stimule la production d’oestrogènes ovariens et la boucle est bouclée.
La progestérone, au contraire, stabilise les mastocytes et régule à la hausse la DAO.
Elle tend ainsi à moduler l’excès d’histamine.

Est-il possible de doser le cortisol ?

En fonctionnel, nous privilégions la mesure du cortisol salivaire sur cinq temps ou, cela peut suffire sur deux temps, à T0 ( réveil ) et à T+30 minutes.

Un calcul entre ces deux temps, le CAR ( Cortisol Awake Response ) nous donne un pourcentage de la réponse de sécrétion du cortisol.
Ce pourcentage, positif ou négatif nous aide à définir un état de réponse physiologique , à différencier un état de burn-in ou de burn-out, pas si faciles à différencier uniquement par la clinique.

Nous pouvons aussi travailler à partir d’un cortisol urinaire des 24h.
Le dosage du cortisol sanguin du matin ( 8h ) est un marqueur médical et non fonctionnel.

Que faire lorsqu’un problème lié au cortisol est mis en évidence ?

La clinique prime, aidée des analyses fonctionnelles.

Qu’il y ait excès ou carence de cortisol, les premières propositions sont les suivantes :

Optimiser ses biorythmes
On conseille de se lever tôt , toujours à la même heure, de s’exposer de suite à la lumière du matin, si possible ou s’aider d’une lampe de luminothérapie, 30 min à 10000 Lux
Partir pour une marche matinale si c’est possible est recommandé.
Cette marche matinale va stimuler les neurotransmetteurs, les hormones thyroïdiennes, et activer la microcirculation.

Optimiser son alimentation : prendre un petit déjeuner protéiné, bon gras, et salé.
Saler son repas ( hors contre-indication ) est indispensable à la bonne marche des glandes surrénales.
Eviter à tout prix les aliments glucidiques à IG élevés et les aliments ultra-transformés.

* Prendre en charge le Stress
Ne pas oublier son magnésium en forme adaptée et à un dosage optimal, faire de la cohérence cardiaque, du yoga, de la relaxation, prendre du temps pour soi ..

* Optimiser les précurseurs du cortisol :

Il faut ainsi un taux de cholestérol total suffisant ( malgré le fait que le cholestérol soit diabolisé, nous en avons besoin ) et des mitochondries ( nos usines énergétiques ) fonctionnelles.
Attention au véganisme, à la prise de certains médicaments, à l’excès de sport …

Optimiser les membranes cellulaires

* Optimiser tous les co-facteurs ( Mg, Fe, iode, VitD, VitA, Zinc, Sélénium, vitamines du groupe B ..°)

* Optimiser les Neurotransmetteurs :
Pour faire une bonne dopamine, penser petit déjeuner protéiné.
Penser à une collation sérotoninergique à 17h pour aider à faire une bonne sérotonine qui elle même donnera une bonne mélatonine ( hormone du sommeil ),
Penser à dîner léger en évitant les protéines animales.

Certaines stratégies thérapeutiques peuvent être mises en place selon la clinique et le bilan fonctionnel.
Des plantes adaptogènes peuvent être utiles ( ashwagandha, rhodiole ), le safran, en fonction de la clinique et du terrain de l’individu.
Les bourgeons de Cassis, la réglisse glycyrrhizinée, l’opothérapie aident à remonter une carence en cortisol.

Ceci se fait en étant accompagné par un praticien en Santé fonctionnelle ou un médecin fonctionnel.
Après avoir pris en charge les surrénales, on aide la thyroïde, bien évidemment.
Les liens entre l’inflammation, le cortisol, l’histamine, l’intestin, l’axe cerveu-intestin, les hormones thyroïdiennes, les hormones sexuelles, existent bel et bien.
Il est primordial d’investiguer le tout dans sa globalité pour avancer.

Sources :

-ZRheumatol.1998.57 Suppl 2:81-7.doi:10.1007/s003930050242.
DFM Formations
-Influence des mastocystes sur la fonction thyroïdienne.
https://popline.org/node/217646.
-le stress déclenche les mastocytes coronaires
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4288814/
-Mastocytes et inflammation
Https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21185371/
L’histamine, l’incontournable en prévention et en thérapie, Dr Lucie Wetchoko.
Et mes propres réflexions…

Martine Hoarau,
Dr en Pharmacie, Naturopathe
Praticien en Santé Fonctionnelle et Micronutrition.